Petit nouveau de la liste de Didier Deschamps, Romain Alessandrini, 23 ans, s’apprête à découvrir l’équipe nationale, 6 mois après ses premiers pas en Ligue 1.
Même si ce n’est qu’à moitié une surprise, c’est une nouvelle inespérée, inattendue et incroyablement belle pour ce joueur aux galères continues. Avec son parcours hors-norme, il a convaincu le sélectionneur par ses performances exceptionnelles depuis son arrivée en Bretagne cet été. Une première sélection qui vient assurément récompenser des débuts remarquables dans l’élite et des statistiques affolantes, avec pas moins de 12 buts toutes compétitions confondues. Son entraîneur, Frédéric Antonetti, trouve d’ailleurs que « c’est une très bonne chose pour lui », le coach corse qui juge même « [qu’] il a de la détermination et du caractère à revendre ». Ajouté à cela une qualité de frappe et de centre assez incroyable, ce qui lui a sans doute valu sa première convocation chez les Bleus. « Il a un parcours atypique comme Valbuena ou Ribery, confirme Deschamps, il aime le foot, il respire foot et il a beaucoup de qualité ». Pourtant, qui aurait pu penser, que ce joueur remplaçant en National allait se retrouver au château de Clairefontaine, en compagnie des Benzema, Ribery et compères ?
L’apprentissage du haut niveau
Personne, pas même le principal intéressé : « Cela me choque un peu car je ne pensais pas arriver à un tel niveau ». Lui qui, après avoir songé à arrêter le foot à l’âge de quinze ans quand son entraîneur de l’époque venait de le replacer arrière-gauche, se retrouve finalement à Gueugnon, pour y finir sa formation. Une fois celle-ci terminée, il intègre l’équipe première en 2008. En National, il jouera 27 matchs, pour 3 buts inscrits. Il passe professionnel à l’été 2009 mais se blesse gravement au pire des moments, lors du premier match de la saison contre le Paris FC. Rupture des ligaments croisés, là encore, il n’est pas loin de vouloir abandonner : « Je me suis dit : c’est bon c’est fini. L’opération a été horrible je ne pouvais plus marcher ». Mais grâce à une volonté sans faille, il est une nouvelle fois revenu : « j’ai finalement compris que c’était rien, donc j’ai relativisé et me suis donné à fond pour signer ailleurs ».
Il jouera même les cinq derniers matchs de la saison, et marquera trois buts avant de partir ailleurs. Ailleurs, ce sera le Clermont Foot Auvergne, où il signe le 26 mai 2010 pour deux ans et y découvre la Ligue 2 lancé par Michel Der Zakarian. Le néo-Clermontois connaît une adaptation rapide à l’étage supérieur, et inscrit son premier but dès la première journée. « Une très bonne pioche », raconte Michel Der Zakarian, son entraîneur dans le Puy-de-Dôme. « Techniquement, il a un très bon niveau. Surtout, c’est un passionné du foot, il aime ce qu’il fait ». Au terme de sa première saison en Auvergne, il inscrit 13 buts et délivre 7 passes décisives, toutes à Sloan Privat. Ce dernier parle de son ex-coéquipier comme un « un bosseur » et voulant « tout le temps progresser ».
Le tremplin Clermontois
Il veut progresser, très vite même. Dès l’été 2011, alors sur les tablettes de Nice, Saint-Étienne ou Sochaux, il souhaite découvrir l’élite. Malheureusement pour lui, ses dirigeants feront tout pour le garder une saison supplémentaire et ce, malgré la déception de leur jeune milieu. Il repart donc pour une nouvelle saison avec Clermont, déterminé comme jamais et avec le souhait de faire monter son club en Ligue 1. Sur la lignée de ses performances de la saison passée, il parvient cette fois à marquer 11 buts et offrir 4 passes décisives. Son club ne parviendra pas à accrocher la montée – terminant 5e à 6 points du podium – mais se retrouve tout de même pour la deuxième année consécutive, dans le onze-type de Ligue 2 et est même sélectionné pour le titre de meilleur joueur de l’année.
D’abord déçu d’avoir fait une pige en plus en deuxième division, il reconnaît aujourd’hui que c’était un mal pour un bien : « Sur le coup j’en voulais un peu au club, un peu au coach. Mais cette deuxième année m’a fait du bien, j’ai pris en maturité, j’ai beaucoup progressé avec le coach et on a joué la montée jusqu’à la fin ». Il a même trouvé cette deuxième saison et dernière saison en Auvergne « plaisante ».
La bonne pioche Rennaise
Une nouvelle fois très courtisé à l’été 2012, il choisit Rennes pour découvrir la Ligue 1. Le 28 juin 2012, il signe pour 4 ans avec le club rouge et noir et joue son premier match lors de la 2ème journée, à Chaban-Delmas face aux Girondins. Il lui faut attendre une semaine seulement pour marquer son premier but, contre Bastia, le 25 août.
S’enchaînent alors de très bonnes performances, des buts retentissants et voilà la presse qui commence à s’intéresser au phénomène de 23 ans. Les joueurs du championnat découvrent aussi ce joueur encore méconnu quelques semaines plus tôt. Par exemple le joueur lorientais, Yann Jouffre pense que « C’est un très très bon joueur. C’est un footballeur moderne : il va vite, il est technique et il voit bien le jeu. C’est un poison. En plus, il a été appelé chez les Bleus donc il va être en pleine confiance. C’est un vrai plus pour eux. »
L’avenir des Bleus ?
Romain Alessandrini, petit gabarit d’1 mètre 73, se retrouve donc dans la cour des grands, celle de l’équipe de France. Il va retrouver un endroit côtoyé par les champions du monde qu’ont été Zidane, Henry ou Blanc pour ne citer qu’eux. Très ému, ce natif de Marseille avoue « qu’il ne s’y attendait vraiment pas » et que « ses parents étaient en pleurs ». Bosseur dans âme, il va « essayer de faire du mieux qu’il peut et rendre la confiance que l’on lui donne ». Le numéro 19 du Stade Rennais garde les pieds sur terre et sait que son chemin vers la gloire est encore long. La détermination et la conviction qui ont fait sa force depuis ses débuts seront ses plus précieux alliés et en restant le même, on ne voit vraiment pas ce qui pourrait lui arriver…
Tom Masson
@MassonTom1