TF1, qui diffusait les Grands Prix de Formule 1 depuis 1992, vient de perdre les droits de retransmission au profit de Canal+ pour les trois prochaines saisons. Regarder le sport à la télé va-t-il devenir un luxe ? Décryptage.
Un peu plus d’un an après avoir délaissé la Ligue des Champions au profit de la chaîne cryptée, la première chaine de France vient donc de perdre les droits télévisuels de la Formule 1. La Coupe d’Europe et le sport automobile, qui sont tout de même une des rendez-vous de sports les plus suivis et les plus célèbres du sport mondial, sont désormais inaccessibles aux classes les plus défavorisées de la population.
Quels évènements sportifs subsistent alors sur des canaux gratuits ? Ils commencent à se faire rares. Des évènements quadriennaux tels que les Coupes du Monde ou les Jeux Olympiques y sont encore présents. Ajoutés les Coupes Nationales de football français, le Tournoi des 6 nations ainsi que Roland Garros, cela paraît peu, voire extrêmement peu. Alors évidemment nous n’oublierons pas le Tour de France et les Championnats d’Athlétisme, qui sont aujourd’hui diffusés sur les antennes de France Télévisions, mais ces derniers rendez-vous de sport ne changent que peu mon avis : le sport disparait années après années des chaines gratuites.
Je m’interroge aujourd’hui sur un point : « Comment a-t-on pu en arriver là ? » Après certaines recherche, j’y ai trouvé ma réponse. Celle-ci s’explique en plusieurs points.
Tout d’abord, parce que les chaines n’ont plus les moyens d’acheter du sport, qui devient de plus en plus couteux. En effet, le sport est un produit d’appel. Cela signifie que le plus offrant rafle la mise. On comprend ainsi aisément pourquoi des chaines gratuites peinent à résister à la concurrence d’organismes privés.
BeIn Sport en est le meilleur exemple. A coups de millions, la chaîne qatarie remporte petit à petit tous les droits de retransmission. Du foot, du basket, du hand, du volley-ball, en attendant peut-être du tennis ou du rugby dans quelques années, BeIn Sport diffuse sans attendre de chiffres d’audiences derrière. J’entends par là que la santé économique de la chaine n’est pas liée à son nombre d’abonnés puisqu’elle dépend d’un fond souverain du Qatar. Ainsi, BeIn Sport en dépensant plus de 400 millions d’euros de dépenses avec seulement 1 million d’abonnés, a investi à perte.
Enfin, les retours sur investissement du sport sont extrêmement difficiles à réaliser. Les publicités n’arrivent plus à compenser des droits télévisuels en augmentation perpétuelle.
L’avenir s’annonce donc morose. Le peu d’événements sportifs qui restent diffusés sur des chaînes accessibles à tous, le Tour de France notamment, ne sont pas certains d’y rester indéfiniment. Pour preuve, jusqu’à quand les organisateurs de la grand boucle résisteront aux appels de l’argent ? Personne ne peut aujourd’hui l’affirmer, et le problème est bien là.
On pourrait aussi remettre en cause la stratégie de ces chaînes, leur manque de vision sur l’avenir par exemple. TF1 a, en partie, abandonné la Ligue des Champions en raison des faibles audiences qu’elle apportait. Problème, le manque d’audience était dû aux prestations assez ternes des clubs français. Sauf que l’année où la mythique Coupe d’Europe quitte la une, le Paris Saint-Germain et ses stars deviennent intéressants au même moment sur un plan audiovisuel. Dommage donc…
La responsabilité de la disparition du sport accessible à tous à la télévision est donc aussi engagée. Par manque de stratégie, elles participent aussi au monopole des chaînes payantes.
Cependant, cela pose à terme des questions. L’arrivée de BeIn Sport sur le marché audiovisuel n’est assurément pas une bonne nouvelle pour les chaînes de télévision, Canal+ compris. Cyril Linette s’interrogeait : « comment lutter à armes égales face à un concurrent qui, lui, n’est pas régulier ? »
C’est toute la complexité de la chose, où seules les années futures seront en mesure d’y répondre.
Tom