Après des années de galère, Jérémie Aliadière, parti dès l’âge de 16 ans à Arsenal, semble enfin sortir la tête de l’eau.
10 ans : c’est le temps qu’il lui aura fallu pour s’épanouir en pratiquant sa passion. À Lorient, le futur trentenaire réalise assurément la meilleure saison de sa carrière avec 11 buts et 7 passes décisives. La semaine dernière, il a encore fortement contribué à la qualification des siens en quarts de finale de la Coupe de France en inscrivant un joli doublé contre Brest. (3-0).
Christian Gourcuff est séduit. Lui qui l’avait fait signé, un soir de juillet 2011, dans le but de le relancer a réussi son pari. Après le match contre Brest, il s’est une nouvelle fois montré sous le charme de son attaquant. « On va arrêter de le dire à chaque match car c’est une confirmation, mais ce qu’il fait est épatant« . Pour son entraîneur, le numéro 11 lorientais est « quelqu’un qui sent le football, qui comprend et anticipe le jeu. Il correspond parfaitement au jeu lorientais, s’inscrit complètement dans notre jeu collectif. »
Et oui, bien plus que des buts, l’attaquant breton apporte davantage à son équipe. C’est un des cadres de l’effectif, sûrement le maître à jouer de tout un collectif. Avec ses 25 matchs de championnat, il est le joueur le plus utilisé et le plus performant du club breton à en croire la moyenne de ses notes dans L’Equipe. (6). Par-ailleurs, Jérémie Aliadière est impliqué dans 40% des buts inscrits par Lorient cette saison (15/38), encore une preuve de l’importance qu’apporte ce joueur.
Mais avant d’en arriver là, l’attaquant français a connu bon nombre de galères. Né à Rambouillet en région parisienne, il est formé à l’INF Clairefontaine durant trois années, jusqu’à ses 16 ans. Considéré à l’époque comme l’un des plus grands espoirs du football français, il est le symbole de la fuite des jeunes talents vers l’étranger. Sa destination, c’est Arsenal, le club londonien d’Arsène Wenger. Ce transfert a déclenché une énorme polémique. Ses parents étaient suspectés de privilégier les côtés financiers plutôt que les critères sportifs, mais le coach des Gunners, à quant à lui été accusé, de vouloir « piller » les centres de formation français. Aujourd’hui, Aliadière avoue qu’il « n’était pas du tout attiré par l’Angleterre, et les langues, ce n’était pas trop son truc. C’est Arsenal qui lui a plu.« , et met fin à toute polémique : « À seize ans, on ne part pas pour l’argent, on part parce qu’on a envie de jouer pour Arsenal ! »
Pourtant, à la surprise générale, Aliadiere ne regrette en rien son départ en Angleterre « s’il y’a bien un truc que je ne regrette pas, c’est ça », explique-t-il. « Pour moi, je rejoignais le grand Arsenal et Arsène Wenger. Je n’imaginais pas que ça allait fait un tel boucan »
Le jeune Aliadière fait ses débuts dans le championnat anglais le 23 février 2002, contre Fulham (4-1), numéro 30 sur le dos. La saison suivante, il inscrit son premier but contre West Brom (5-2).
Les saisons 2003/2004 et 2005/2005 seront difficiles. La première est ternie par la concurrence à son poste qui le prive d’un temps de jeu régulier. Néanmoins, il fait partie de l’effectif qui décroche le championnat, et ce, malgré 10 matchs disputés. La deuxième année est beaucoup plus compliquée : longtemps blessé, l’attaquant manque une bonne partie de la saison, se contentant de bouts de matchs avec les pros et d’autres rencontres avec la réserve.
À l’été 2005, il est prêté au Celtic Glasgow. Malheureusement pour lui, il quitte les terres écossaises au bout de 2 mois seulement, lassé de cirer le banc. Il part donc à West Ham, où la encore, il ne parvient à s’imposer et ne reste au club que 6 mois, quittant l’effectif le 31 janvier 2006. Pour répondir, Aliadière tente l’aventure en seconde division, à Wolverhampton. 14 matchs, 2 buts et de nouvelles déceptions plus tard, il retrouve le club qui l’a fait débuté, Arsenal.
Une nouvelle fois, il ne joue que très peu. Quasiment pas en championnat, davantage en Coupe de la Ligue, compétition où Wenger préfère faire tourner son effectif. Là encore, les minutes se font rares pour ce joueur qui rêve de jouer et uniquement jouer au foot.
C’est pour ça, qu’à l’été 2007, il découvre un nouveau club. Cette fois, c’est Middlesbrough qui l’accueille dans ses rangs. Aliadière y marque son premier but en octobre contre Manchester United (1-4), le premier depuis … 2002 ! Dans ce quatrième club, il n’arrive toujours pas à s’imposer. Durant trois années, il prend part à 86 matchs et inscrit seulement 12 réalisations. Au terme d’un bilan plus que mitigé son club ne le retient pas.
À l’intersaison, pendant un essai à West Ham, il est victime encore une fois d’une rupture des ligaments croisés. Pour lui c’est le coup dur, à deux doigts de lâcher, il confie « J’étais tout proche d’arrêter ma carrière et d’envoyer chier tout le monde. Je n’avais pas de club, je devais le débrouiller tout seul pour faire la rééducation, dans savoir si j’allais retrouver un club« .
Avant de peut-être rejoindre un club plus huppé l’été prochain, Aliadière compte bien finir en trombe sa saison avec le club qui l’a remis au devant de la scène. La Coupe de France et une bonne position en championnat peuvent permettre au numéro 11 de rêver, et ainsi rendre la monnaie de la pièce au club auquel il doit, la résurrection d’une carrière.
Tom