Portrait : Mais qui es-tu Clément Grenier ?

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Cette année, Clément Grenier a franchi un palier, c’est certain. Un peu plus encore certainement lors de la 37ème journée, en inscrivant un but « Juninhesque », si l’on en suit les mots de Stéphane Guy, alors au micro de Canal+. Mais comme si cela ne suffisait pas, le talentueux lyonnais a réitéré la semaine suivante, contre Rennes cette fois. Deux buts coup sur coup au combien importants dans la lutte à la troisième place, synonyme de qualification en Champions League et sans doute un peu plus pour les comptes de l’OL. Lyon a donc fini sur la dernière place du podium et le jeudi suivant, Grenier était convoqué pour la première fois chez les Bleus. Une fin d’année incroyable pour le jeune milieu de 22 ans qui m’a poussé à comprendre qui est-il vraiment. Portrait.

« Le foot, c’est avant tout une passion, pas un métier. » Clément Grenier l’avoue et le répète sans cesse, il joue au foot avant tout par amour du ballon rond. Même s’il accorde appécier « quasiment tous les sports comme le tennis, le basket ou le hand« , c’est le foot « qu’il adore« . Une véritable vocation. Sans doute davantage si l’on regarde de plus près ses débuts…
« Clem », comme l’appelle ses plus proches amis, né le 7 janiver 1991 dans un petit village d’Ardèche, tape ses premiers ballons dans le club de sa ville, le FC Annonay. Rapidement, le jeune Clément régale et impressionne. Nettement « au-dessus du lot » d’après ses premiers coachs, il suscite très vite l’intéret marqué de l’Olympique Lyonnais. Par deux fois, les dirigeants rhodaniens vont essuyer les refus du père Grenier, Michel. Ne voulant pas laisser partir son fils, qu’il trouve à l’époque « trop jeune et trop fragile« , il cède toutefois devant les conseils du premier entraineur de Clément, Jacky Reynaud. Ce dernier lui glisse : « T’as déjà refusé deux fois, si tu refuses encore, l’OL ne reviendra peut-être plus…« . Clément plie donc bagage en 2002 . Il part, seul, dans un internat lyonnais. Le mental est au plus bas. Ses proches lui manquent, les entraînements le font souffrir. Il est d’ailleurs tout prêt de lâcher alors qu’il n’a que 13 ans. Papa Grenier fait ce qu’il peut.

Comme souvent, le soutien vient souvent d’où on ne l’attend pas. Pour Grenier, il arrive d’Enzo Reale. Autre pépite formée à Lyon – transférée à Lorient depuis-, il accueille un Clément déboussolé chez lui. En compagnie de ses 4 frères, il permet à Clément de retrouver calme, confiance et surtout « son » football. Une « année géniale » pour Grenier, aujourd’hui reconnaissant : « C’est aussi grâce à eux que j’en suis là aujourd’hui. » Recquinqué comme jamais, Clément Grenier se développe et progresse en tant qu’ailier droit dans un premier temps aux « 16 ans nationaux ».

L’aboutissement survient finalement en mai 2008, avec la signature de son premier contrat professionnel. Il privilégie Lyon tout en reconnaissant que « c’était soit l’OL, soit l’étranger » car « d’autres clubs étaient très intéréssés« . Ce « cap » marque aussi le debut des ennuis et des problèmes pour Clément. Doté d’un indéniable talent, il veut progresser et franchir les étapes très, trop vite. Sans doute dépassé par ce changement de vie et ce nouveau statut, Grenier se perd mais est vite rattrapé par ses proches. Son père se souvient. « Il a tout de suite gagné beaucoup d’argent. Il n’était pas prêt. Il est devenu, entre parenthèses, un petit con. Il ne venait plus beaucoup chez nous. » Heuresement, oui, car ces erreurs de jeunesse auraient pu coûter extrêmement cher pour la suite de sa carrière. Robert Valette, formateur de Clément acquiesce : « Il se sentait star, il a son caractère. Il n’arrivait pas à comprendre que certains joueurs s’entraînaient avec les pros mais pas lui. » Même son de cloche pour Claude Puel ajoutant « qu’il avait un petit peu de mal quand il fallait s’accrocher« . Mais son père veille. « Ça a duré six mois. On l’a recadré. Heureusement, on a vite retrouvé notre Clément. » Le principal intéréssé ne se cache pas : « Je me suis perdu, je croyais que j’allais réussir rapidement. Alors qu’à 17 ans – il ne faut pas se voiler la face – je n’avais pas du tout le niveau pour évoluer en pro ».

Son coach actuel, Rémi Garde et ancien directeur du centre de formation, connait donc parfaitement son joueur. Même s’il ne nie pas les difficultés de Clément à ce moment précis, il positive : « Il a su analyser les périodes difficiles, ne pas rejeter la faute sur les autres, faire son autocritique et en tirer profit ». Dès lors, un nouveau joueur est né. Enchainant les bouts de matches en Ligue 1, il devient Champion d’Europe des moins de 19 ans avec les jeunes bleus. De plus en plus volontaire, c’est avant tout l’arrivée de Garde sur le banc qui va être un déclic. Ajouté à cela la blessure de Gourcuff fin août, et voilà Grenier lancé. Premier but sur le maillot lyonnais en demi-finale de Coupe de France il y’a un an, premier doublé contre Bordeaux en février dernier, la pousse lyonnaise n’en finit plus d’impressionner et de s’affirmer au sein du collectif lyonnais.

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Pourtant, l’international de 22 ans peine à se détacher de l’image qu’on lui a donné. Footballeur « bling-bling », joueur nonchalant et souvent hautain, Clément souffre de cette fausse image. « C’est peut-être mon style de jeu qui fait que je suis assez nonchalant. Les gens ont l’impression soit que j’ai la grosse tête, soit que je joue la facilité« . Son ancien coéquipier, Thimothée Kolodziejczak se rappelle : « C’est vrai qu’au début beaucoup de personnes pensaient qu’il avait la grosse tête. Mais il est comme ça depuis tout petit. Il avait un tel charisme dès ses débuts… »

La solution viendra sans doute du terrain, comme le pense Rémi Garde. « Les gens sont exigeants avec lui car il a du potentiel et une allure qui peut parfois être jugée comme prétentieuse. Il sera toujours comme ça. Il sait que, pour combattre ça, il doit faire preuve d’humilité et de travail ». Et l’ancien d’Annonay est évidemment sur la bonne voie. Avec 7 buts inscrits et 5 passes décisives délivrées, Grenier s’est donc offert sa première convocation chez les Bleus, les « vrais » cette fois. (Il a par-ailleurs fêté sa première sélection contre l’Uruguay). Ses deux coups-francs ont fait le tour des télés. Jusqu’à New York même, où l’expert Juninho est également impréssionné : « Je n’ai pas vu beaucoup de ses matchs, mais j’ai vu ses coups francs, c’était formidable. Il a un avantage sur moi, c’est qu’il est arrivé à ce niveau beaucoup plus jeune. Sa frappe de balle est déjà superbe. Il va en marquer plus que moi, c’est certain. » « Ambitieux comme jamais », « Clem » a également poussé Yoann Gourcuff, de moins en moins convaincant, sur le banc l’année dernière. Son entraineur est sous le charme : « Il tire l’équipe vers le haut, par le jeu mais aussi par l’état d’esprit qu’il insuffle dans le vestaire. Sa détermination a atteindre l’objctif [NDR : la troisième place de L1] a été déterminante. Il peut encore beaucoup progresser. Il est capable de faire jouer les autres. Il met en valeur le collectif et, petit à petit, de plus en plus, il va encore plus se mettre en valeur. »

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À force de volonté mais aussi d’excellentes performances, Grenier est (aussi) devenu un joueur convoité. Arsenal lui fait les yeux doux tandis que la Juventus et l’Inter sont également sur les rangs. Mais contre toute attente, une prolongation semble davantage d’actualité. Alors qu’il lui reste un an de contrat, la Coupe du Monde au Brésil pourrait l’inciter à rester une année supplémentaire, avant de partir pourquoi pas, dans un très grand club. Il en est capable. Les médias le savent, sa famille n’en doute pas et lui-même en est conscient, il peut aller très loin. À condition de ne pas grandir trop vite.

 

Tom MASSON

Une réflexion sur “Portrait : Mais qui es-tu Clément Grenier ?

  1. Emma dit :

    Si il part pour être remplacant, il peut (malheureusement) faire une croix sur la Coupe Du Monde …
    #Reste ❤

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