Authentique. C’est sans doute le maître mot de ce footballeur à l’histoire atypique que l’on aime conter autour d’une table. Les pieds sur terre, c’est sans stress et sans pression qu’il a entamé sa deuxième saison dans la capitale. Comme à son habitude, en fait. Car finalement, Ezequiel Lavezzi, dit « El Pocho », est avant tout resté le même. Des quartiers chauds de Rosario aux arrondissements huppés de Paris, Lavezzi n’a pas changé. C’est dans ce portrait que je vous propose de partir à la découverte de ce mec humble et discret, venu conquérir Paris.
Le tremplin argentin
Dès son plus jeune âge, l’actuel joueur du Paris Saint-Germain s’est démarqué. Fan de Maradona comme à peu près tous les gamins argentins de son âge, Lavezzi n’a pourtant jamais fait du foot une priorité. Stoppant subitement le football alors qu’il est âgé de seulement 16 ans, « Pocho » a failli ne jamais connaitre la carrière qui est la sienne aujourd’hui, couronnée de succès et de triomphes. Il raconte : « Quand tu es jeune, tu ne réfléchis pas top, tu penses à plein d’autres choses. A Boca, j’ai déchanté car j’avais eu un problème avec l’entraineur. Du coup, j’ai arrêté le foot pendant quatre mois et j’ai commencé à travailler. » Son frère, Diego, reconnaît que son frère était un garçon très « dissipé« . Il avance même que c’était « le pire gamin du quartier« . « Il chassait les oiseaux avec son lance-pierre, sa deuxième passion après le foot. Dieu merci, il n’a pas quitté le foot très longtemps, c’est sans doute ce qu’il l’a sauvé. » Il devient alors électricien, « pour aider son frère« . Pas défintivemet, heureusement. Et ce, grâce à ceux « qui sont encore ses repréentants aujourd’hui : Eduardo Rossetto et Alejandro Mazzoni. « Ils m’ont convaincu de retourner sur les terrains. Ils avaient raison. » Merci les mecs.
Oh oui on peut leur dit merci. Enfin surtout lui. Car en restant le même, extravagant et atypique à la fois que l’actuel numéro 22 du Paris Saint-Germain s’est révélé au football mondial, à Naples dans un premier temps. A l’été 2007, le jeune milieu de 22 ans pose ses valises en Italie après une dernière expérience argentine au club de CA San Lorenzo. Enième symbole de sa rébellion, il préfère à l’époque prendre la direction de Lorenzo alors qu’un de ses coaches de l’époque, à qui il demande conseil, l’incite à prendre la direction d’Arsenal ou Quilmes, « clubs où ils ont l’habitude de faire jouer les jeunes« . Pocho se rappelle : « Oui, il m’avait conseillé d’aller là-bas. Mais comme j’ai toujours été un peu rebelle, j’ai choisi d’aller à San Lorenzo« . Résultat, le jeune Ezequiel plante 25 buts en 84 rencontres. Vraiment pas mal…
Naples : la révélation
Mais c’est donc en Italie, sur la côte méditerranéenne, dans la cité au célèbre Vésuve que Pocho arrive dans un club tout juste promu en Serie A. L’Atalanta était également sur les rangs. Mais il voulait « à tout prix rejoindre Naples.« . Il a d’ailleurs « renoncé à gagner un peu plus d’argent pour jouer dans ce club. » Premier match auréolé d’un triplé en Coupe d’Italie, Lavezzi commence peu à peu à se faire un nom de l’autre côté des Alpes. 110 matches, 28 buts lors de ses trois premières saisons, l’international argentin devient vite une rock star. Chouchou du public et de ce stade si spécial de San Paolo, il devient amoureux de cette ville et de cette ambiance si spéciale. Il raconte : « Quand je jouais à San Paolo, c’est le stade qui ressemblait le plus aux ambiances qu’il y’a dans les stades en Argentine. C’était incroyable. D’ailleurs je préfère quand un stade pousse toute l’équipe plutôt que lorsque q’il crie mon nom. La ferveur du stade pousse à donner le meilleur de toi-même. »
Sur les traces de Mardaona…
Peu à peu, Lavezzi marche sur les traces de son idole de toujours, Diego Maradona et découvre jours après jours la furie napolitaine et la passion dévorante qui anime les napolitains. « En Italie, je vivais de façon complètement anormale. C’était épuisant. A la fin de chaque entrainement, il y’avait des tas de fans qui attendaient pour me voir. J’étais obligé de sortir caché dans le coffre de ma voiture ! » Et c’est peu dire. A partir de 2009, la forme et le talent de Lavezzi atteint dès lors son paroxysme. En pleine réussite, il commence à se faire repérer à travers l’Europe. Liverpool, Manchester City, Chelsea lui font les yeux doux. Rien à faire, le milieu napolitains décide de rester à Naples, successivement rejoint par Hamsik et Quagliarella, le club finit 6ème du championnat et se qualifie pour l’Europa League. A titre personnel, l’argentin inscrit 9 buts en 35 rencontres. L’année suivante, il franchit un nouveau cap. De nouveau sélectionné en équipe nationale, il devient par-ailleurs un joueur clé de l’équipe napolitaine. Avec un nouveau compère d’attaque en la personne d’Edinson Cavani, ils forment un des duos les plus dangeureux et plus réputé d’Europe.
Ces deux potes portent le club quasiment à bout de bras et lui permettent de retrouver les joutes de la Champions League en terminant sur la dernière marche du podium. Lavezzi devient également le deuxième meilleur passeur d’Italie grâce à ces 12 offrandes. La machine est lancée. Devenu une véritable vedette en Italie, Ezequiel Lavezzi découvre les plaisirs de la plus belle des coupes. Il se distingue même en inscrivant un doublé lors du huitièmes de finale aller contre Chelsea. Malgré une élimination surprise deux semaines après, le Napoli réalise tout de même une saison incroyable. Deuxième du championnat, vainqueur de la Coupe d’Italie face à la Juve, Lavezzi gagne – lors de sa dernière saison sous le maillot bleu – son unique et dernier trophées sous les couleurs napolitaines. Ezequiel a passé « la meilleure saison de sa vie » et « part fier« , sentiment du devoir accompli en poche, après 45 derniers matches accompagnes de 12 buts.
Paris ambitieux, Pocho heureux
Le 2 juillet 2012, Lavezzi débarque enfin du côté de notre chère capitale. Acheté pour un montant de 31 millions d’euros, il arrive en France « sans connaitre grand chose de la Ligue 1 » : « En fait, le championnat de France n’est pas connu en dehors des frontières… Les matches ne sont quasiment jamais retransmis. Mais les choses ont changé depuis. Aujourd’hui, grâce à l’arrivée de nouveaux grands joueurs, la Ligue 1 est davantage suivie. » Et il n’y a pas que la visibilité qui a changé du côté du PSG. Lavezzi le concède : « Quand on voit le papier, cette équipe est calirement la meilleure avec laquelle j’ai joué. En terme de jeu, ça reste perfectible mais je suis venu ici pour ça. Ca représente un grand pas que je voulais faire, passer dans un club important, avec un projet très ambitieux. »
Un club comme lui au final… Là encore, Lavezzi a pris tout le monde à contre-pied. Les rumeurs l’envoyaient du côté de Chelsea et a finalement pris la direction de Paris. Incroyable. Pourtant, Pocho connait des débuts compliqués. Premier match contre Lorient (2-2), deuxième contre Ajaccio (0-0) et premier carton rouge. Deux matches de suspension, Lavezzi peine à trouver ses marques et retrouver son talent qui avait fait sa force du côté de Naples. « En arrivant ici, j’espérais pourvoir faire la différence. Et je ne l’ai pas faite. », s’attriste Lavezzi. Mais voilà le paradoxe argentin. Sans pour autant atteindre des sommets d’un point de vue footballistique, il score à 11 reprises et distribue 6 offrandes. Loin d’être incroyable, ces stats mettent surtout en relief une année juste correcte, souvent critiquée. Car il ne faut pas l’oublier, le numéro 22 du PSG est un sud-américain. Et aime évidemment faire la fête. Lui est alors reprochée son manque d’implication et surtout son goût un peu trop prononcé pour les soirées parisiennes : « C’est juste ma ma personnalité, ma manière d’être ! Si j’ai la possibilité de faire la fête, je la fais. C’est tout. Je fais toujours fais ce que j’ai envie de faire et j’aime bien m’amuser. Je sais que ma vie parisienne fait parfois fantasmer, mais de là à m’épier de la sorte, ça devient parfois lourd. »
Toutefois, malgré une première partie de saison en demie-teinte avec 3 petits buts, il rentre déjà dans l’histoire du club parisien, en inscrivant le 3000ème but de l’histoire du PSG . Contre l’Evian TG précisément. (victoire 4-0). Encore un peu plus dans les annales dès l’arrivée de 2013. Décisif en Coupe nationale, il se fait surtout remarquer en C1 en offrant – pratiquement – à lui tout seul la qualification en quarts contre le grand Barca après ses réalisations contre Valence. A l’aller comme au retour, d’ailleurs. Mais là encore, sûrement à court de forme, Lavezzi va connaitre une fin de saison similaire à son commencement, plus que compliquée. Son manque de réussite a, petit à petit, commencé à sa faire criant et s’est vu manquer de nombreux face à face, tant en championnat qu’en coupe. Il le rappelle haut et fort : « jamais je ne me laisserai abattre. Il faut que je fasse les choses bien et je vais essayer d’être le même qu’à Naples. Il faut que je fasse mieux. »
Faire mieux, principalement dans le seul et unique but de ne pas retrouver le banc de touche, comme ce fut déjà plusieurs fois le cas depuis l’arrivée de Blanc. Avec l’arrivée de Cavani, Lavezzi doit donc se frotter à d’autres concurrents, les postes d’attaquans étant déjà réservé par des certains Cavani et Ibrahimovic… Face à Lucas, Pastore ou encore Ménez quand il reviendra de blessure, Pocho le sait, « il devra gagner sa place. » Et pour ça, « Il va bien falloir s’améliorer ». Il accorde dès lors : « Quand je ne joue pas, je ne suis pas content. J’essaie de ne pas le montrer. De mon côté, je fais mon autocritique et si, un jour, je pense que je n’ai plus ma place ici, je partirai. Mais ce n’est pas le cas, je suis heureux à Paris et je me battrai, coûte que coûte. » On sait que certains joueurs ont été touchés pas le départ d’Ancelotti. Qu’en pense t-il ? « Je pense que Carlo était un entraineur qui allait beacoup vers le groupe. Je ne connais pas enore bien Blanc mais il aura certainement des choses à nous apporter… »
Une personnalité unique à l’avenir encore incertain
Après avoir, comme dit plus haut, arrété le foot à plusieurs reprises, Lavezzi confesse encore aujourd’hui, sans état d’âme, « que, par moments, le foot le fatigue« . Réfléchi et bien plus posé qu’à ses débuts, il a tout de même révélé au Canal Football Club du 24 février dernier « qu’il ne pensait pas à ce qu’il fera quand il arrêtera » tout en ayant déjà quelques idées. Un retour en Argentine est d’ores et déjà quasi certain. « Pour retrouver son fils« , agé de 8 ans, resté au pays avec sa mère (Il est aujourd’hui avec une autre compgne, NRDL). « J’aimerais le retrouver, vivre avec lui. Mais c’est la vie. » En attendant de raccrocher « d’ici 3 ou 4 ans, peut-être à Paris, où il s’y plait, » il souhaite encore réaliser son plus grand rêve : « gagner la Coupe du Monde avec l’argentine. Ce serait une chose incroyable pour le pays et pour les argentins, ils attendent ça depuis si longtemps. On peut le faire. Gagner au Brésil serait quelque chose d’immense.« , racontait-il, rêveur. Sûrement pour rendre au foot argentin ce qu’il le doit, l’avoir sauvé de la vie de voyou et voleur qui lui était promise, comme le confesse sa mère.
D’ici là, en attendant, pourquoi pas, d’accrocher une étoile supplémentaire au maillot auriverde, un autre combat d’étoiles attend Lavezzi. Dès ce soir contre l’ASM Monaco et ses nouvelles stars, mais aussi tout au long de la saison, il se devra d’être décisif. À l’instar de sa rentrée au combien importante contre l’Olympiakos lors de la première journée de Ligue des Champions, Lavezzi doit faire plus cette saison. Il le sait. En attendant, une chose est sûre pour El « Pocho », surnom qu’il tire du prénom de son premier chien. Jamais il ne changera. Un peu comme son idole, tatouée sur le corps qui, comme Lavezzi avant lui, avait su rester authentique. Avec la carrière exceptionnelle qui en suivit. Alors, pourquoi pas lui ?
Tom MASSON
@MassonTom1
Crédits Interview :
-SO FOOT Septembre 2013
-Surface Septembre 2012
-Canal Football Club 24 février 2013