Leader provisoire du classement de meilleur joueur effectué par la FIFA, Benzema lui-même avait déclaré être « satisfait » de sa Coupe du Monde. Mais finalement, le mondial brésilien de l’attaquant du Real Madrid aura t-il été vraiment réussi ?
Il avait commencé son mondial sur les chapeaux de roue. Contre le Honduras, il avait assuré le premier succès de bleus quasiment à lui tout seul. Un presque triplé, une influence énorme sur le terrain et une envie conséquente affichée comme trop rarement par Benzema, nous avait rendus euphoriques pour la suite de la compétition. Son presque doublé (sans compter le penalty raté) face à la Nati, accompagné de deux passes décisives et d’une pluie d’occasions de buts, avait semblé confirmer cette tendance.
Puis au fil des matches, Benzema s’est progressivement éteint. Sans inscrire le moindre but, ni délivrer la moindre passe décisive lors des trois derniers matches (Equateur, Nigéria et Allemagne), l’attaquant vedette de cette équipe de France a progressivement déjoué, sans répondre aux attentes des uns, et des autres.
Mais à l’heure de faire le bilan de ce mondial, ce ne sont pas les rares coups de génies du madrilène que l’on retiendra. Mais davantage son incapacité à se transcender et à assumer son statut de leader d’attaque. Face au Nigéria, je ne pense pas avoir été le seul à me mordre les doigts, à m’esclaffer et surtout à rester sans voix face à la prestation déconcertante de Karim Benzema. Titularisé sur le côté gauche, tandis que Giroud prenait la pointe, le numéro 10 des bleus n’a fait preuve d’aucune détermination, et bien au contraire, il aura semblé abandonner le combat sans même l’avoir commencé. Comme si le fait d’avoir été déplacé sur le flanc gauche de l’attaque l’avait écoeuré jusqu’à abandonner ses dix potes qui éprouvaient les pires difficultés à résister, en 1ère MT, à une équipe nigérianne qui n’en demandait pas tant.
Sans prendre la peine d’assurer le moindre repli défensif et de mettre un minimum d’impact dans les duels, il aura surtout rechigné à combiner avec Giroud (son principal rôle à ce poste là, rappelons le !). Seulement 2 passes délivrées à l’attaquant des Gunners ! 2 passes en 63 minutes vers son compère d’attaque, alors qu’il était censé lui fournir ballons en profondeur et de créer un décalage pour le mettre dans les meilleures dispositions. Résultat, le côté gauche a été une des pires faiblesses françaises contre le Nigéria, et toutes les attaques adverses sont arrivées de ce côté du terrain. Alors qu’il avait paru fatigué et (très) nonchalant, dès l’entrée de Griezmann et son replacement dans l’axe, il a semblé se voir pousser des ailes. Quel miracle…
Comment ne pas y voir la volonté de lancer un message à Didier Deschamps, histoire de dire « regarde, ce que ça fait de me mettre à gauche » ? Une telle différence d’implication en fonction du poste auquel il joue n’est pas due au hasard. Contre l’Allemagne en quarts, il aura obtenu ce qu’il voulait, disputant les 90 minutes à la pointe de l’attaque. Mais là encore, il n’aura rien changé. Toujours aussi nonchalant à la pointe de l’attaque, il n’a pas semblé éprouver la moindre envie de se défoncer pour une place en demie (!). On l’a peut-être vu plus marcher que n’importe quel autre joueur sur la pelouse. Une fois de plus, il aura trop peu compté dans les duels pour changer le court d’un match qui lui semblait bien, bien loin. Ses nombreuses occasions (plus que l’Allemagne toute entière en première période) ont toujours semblé manquer de conviction. Et à ce niveau là, inutile d’expliquer que sur 7 tentatives, quand on ne peut pas l’effort nécessaire pour en rentrer ne serait-ce qu’une seule, autant vous dire qu’une demie finale parait utopique. Et sur l’ensemble de sa compétition, seulement 3 buts sur 32 tentatives… Faible, trop faible pour un joueur de ce standing.
Alors au moment de debriefer le mondial des bleus, il serait injuste de dire que Benzema est passé au travers de cette compétition. Mais une fois de plus, il aura failli, échouer dans l’affirmation de son statut, et dans la relève de leaders offensifs comme ont pu l’être Platini ou Zidane avant lui, au moment où on attendait le plus de lui. D’ici 2016, il devrait une fois de plus être la star de cette équipe. Il serait pourtant grand temps de se faire violence, de montrer enfin ce « qu’il en veut » et de faire enfin la différence. Car si son mondial n’est pas complètement raté, certes, les frustrations et les critiques qui l’accompagnent, au lendemain de l’élimination de l’Equipe de France, ne sont sans doute pas le fruit du hasard. Son destin en bleu lui appartient, et il serait bien vu de le prendre enfin en main.
Tom Masson
Il faut peut être se rendre à l’évidence …ce nouvel engouement des français derrière les bleus ne peut masquer une vraie réalité.