Il y a des premières fois qu’on n’oublie pas. Celle d’un week-end à Londres pour goûter les joies de la Championship et de la Premier League en fait partie. Après avoir découvert l’impressionnant Camp Nou et son équipe de rêve l’an passé avec un match du Barça, j’ai profité des vacances pour m’envoler outre-manche et passer 3 jours de foot so british. Brentford – Middlesbrough le mardi soir, Tottenham – Leicester le mercredi soir, il y avait de quoi prendre un sacré pied…

Copyright Tom Masson
Et je dois dire qu’on peut parler de réussite, à tel point que j’ai même eu l’impression de redécouvrir ce sport, d’avoir la chance de l’apprivoiser à travers une passion et une réelle culture foot si différentes, de ce que j’avais l’habitude de voir, qu’il y avait de quoi être un peu déboussolé. Parti de Paris Nord le 12 au matin, ces 3 jours à Londres étaient surtout (mais pas que, vous l’imaginez) la possibilité de réaliser un lointain rêve de gosse. Le football anglais par-ci, le football anglais par là, je trépignais d’impatience de mettre des images sur ce championnat si particulier. Accompagné de 2 potes – eux-aussi – davantage habitués à nos stades de Ligue 1 et à leur ferveur moribonde qui vont (évidemment) de pair, toutes les conditions étaient réunies pour passer un séjour assez remarquable.
Bon, passé nos détours par les incontournables londoniens, histoire de poster une photo de Big Ben sur Instagram avec un effet bien stylé, je me suis retrouvé devant Upton Park (le Stade de West Ham) deux heures avant le coup d’envoi de notre match de Championship. Toujours cet esprit de découverte et d’aventure, vous comprenez… Ceci dit, rien que l’instant le d’une quinzaine de minutes, ce qui représente assez fidèlement le temps consacré notre tour du stade des Hammers, la promiscuité entre les habitations et le stade, le foot étant devenu partie intégrante de tout un quartier et entré dans les moeurs depuis des décennies, avait déjà de quoi dépayser…
Mais abordons les choses sérieuses. Logé dans un hôtel entre la City et WhiteChapel, l’itinéraire pour se rendre à Griffin Park avait tout d’un réel parcours du combattant. 2 lignes de métro, un bus, une vingtaine de kilomètres et 1 heure et demie plus tard, les éblouissants projecteurs du stade de Brentford jaillissaient au-dessus des modestes maisons en brique de ce quartier ouest de Londres. 1 heure avant le coup d’envoi, l’atmosphère était déjà formidable. Les gens se retrouvaient peu à peu au pub du coin, ‘The Princess Royal’, tandis que les premières gouttes de pluie commençaient à tomber à nouveau. Aux abords de ce typique stade de seconde division, lui-aussi situé on ne peut plus au milieu du quartier résidentiel, la sono se faisait déjà entendre avec les premiers hommages de la soirée à la légende David Bowie. L’odeur des merguez, le rock, les bières dans les coursives, tout cette émanation magique s’avérait atteindre des proportions incroyables, bien au-delà de ce que j’avais pu imaginer.
Jusqu’au coup d’envoi, le stade paraissait étrangement vide. Puis 5 minutes avant le début du match, et d’un coup d’un seul, tout le stade s’est rempli… une fois les bières finies. Une histoire de culture, dit-on… Pendant la rencontre, qui opposait le septième au leader de deuxième division, l’ambiance était assez remarquable, surtout grâce aux supporters visiteurs qui ont poussé en continu pendant 90 minutes. Peu aidés par un arbitrage parfois litigieux, les fans de Brentford ont parfois paru agacés voire résignés, mais la mauvaise foi anglaise sur chaque décision arbitrale était délicieuse à apprécier. Si pour l’histoire, B’rough s’est imposé 1-0, cette sensation d’avoir pu toucher réellement au « football vrai » et à ce qu’il implique nous a offert une merveilleuse sensation.
Le lendemain, des choses un peu plus sérieuses nous attendaient puisque Tottenham (4ème) recevait Leicester (2ème), match à enjeu puisqu’il représentait pour avec l’occasion de rejoindre leurs adversaires du soir sur un plan comptable. Puis cette fois, ce n’était plus la même histoire. C’était le football anglais comme on le connaît davantage, comme on le regarde à la télé, la fameuse Premier League et surtout un stade 4 à 5 fois plus grand que Griffin Park. Pour joindre White Hart Lane, même galère, en moins compliquée tout de même. Mais galère quand même. Une heure pour y aller, le double pour en revenir, fallait être motivé. Ca tombe bien, c’est ce qu’on était. Pour ma part, avouons le, j’étais même surexcité. Davantage attiré par les Spurs qu’une autre équipe, j’attendais ma première à WHL de pied ferme et plus le coup d’envoi approchait plus mon impatience se faisait grandissante.
Comme une bonne partie des fans qui voyageaient avec nous jusqu’au stade, un stop par le Fish & Chips à la sortie du métro s’imposait. Tant qu’à faire, autant manger local… Entre les ‘Spurs Café’ et les nombreuses, très nombreuses boutiques à l’effigie du premier club du Nord de Londres, on a vite compris la différence de niveau avec la veille. Et le très grand nombre de supporters présents plus d’une heure avant le coup d’envoi confirmait cette première tendance. Comme à Brentford, le stade est resté bien vide jusqu’aux derniers instants de l’avant match, et s’est rempli, également très vite, histoire de ne pas louper l’ultime annonce des équipes par un speaker qui n’est pas près de démentir le mythe entourant l’humour anglais. Bon cela ne nous a pas empêché de prendre de nombreuses photos et des panoramiques de ce stade à l’âme si particulière, si singulière, ressentie dès les premiers tourniquets manuels franchis. Saisissant.
Pendant le match, WHL a offert une performance à la hauteur de sa réputation d’une des meilleures ambiances du championnat et ce, malgré une prestation bien triste sur le terrain. Incapable de concrétiser une domination et une supériorité évidente, les Spurs se sont inclinés sur un coup de pied arrêtés et sur une tête surpuissante de Huth en fin de match. Mais bon, plus que le résultat en lui-même, cette soirée aura été remarquable. D’autant plus que la courtoisie des anglais n’a d’égale que leur classe et leur politesse. Prenant la peine de nous saluer avant et après le match, les anglais autour de nous ont également eu plusieurs marques de sympathie à notre égard seulement parce que nous étions français mais surtout fan de foot, comme eux après tout… Une sympathie encore plus affirmée après la double parade d’Hugo Lloris en deuxième période. Reste que les gens paraissaient simplement heureux de se retrouver, un peu moins de se quitter en raison d’un résultat plus que décevant, mais ils ont au moins été pour nous la preuve certaine d’un décalage criant dans la façon que nous avons d’apprivoiser et de vivre ce sport.
Rien que pour ça, il faut le dire, l’objectif de notre déplacement à Londres était rempli. Rarement je n’avais eu cette impression qu’une certaine magie et qu’une passion évidente flottait dans l’atmosphère de ces arènes 100 % football. Ce rêve et cette faim de foot anglais résidait en moi depuis de nombreuses années. Et finalement, elle n’a fait qu’alimenter encore davantage cette envie d’ailleurs mais surtout de découverte à travers la planète foot. Car si le stade Pierre Mauroy de Lille peut nous occuper à nos heures perdues entre deux exams, ce qu’on a vécu à Londres, n’avait sans doute rien de commun avec tout ça. Et c’est sûrement pas plus mal comme ça.
Spéciales mentions à mes compagnons de route Bertrand et Hugo.
Tom MASSON