Analyse : Cavani au PSG, c’est (presque) foutu

Auteur d’une première sortie cataclysmique, dimanche dernier face à Metz, Edinson Cavani est aujourd’hui, et plus que jamais, sous le feu des critiques. Positionné seul en pointe depuis le départ d’Ibrahimovic outre-manche, l’attaquant Uruguayen n’aura cette année plus aucune excuse. Mais au final, Cavani est-il d’ores et déjà foutu ? Analyse.

Cavani

 

Depuis son arrivée au PSG, à l’été 2013, en provenance de Naples en échange d’un joli chèque de 65 millions d’euros, Edinson Cavani n’a jamais pleinement convaincu. « Barré » par Ibrahimovic, aligné à un poste qui n’est pas le sien, dépendant d’une condition physique et morale pas toujours optimales, les excuses ont souvent été aussi diverses que variées. Mais le constat est sans appel. Incapable d’apporter pleinement satisfaction, il est un des symboles de la stagnation du club parisien sur la scène européenne de son club. Les souvenirs de son match manqué face à Chelsea début 2014 sont encore tenaces. Et après une première sortie totalement manquée face à Metz, dimanche soir, l’occasion pour nous de tenter de décrypter vraiment, le « problème » Cavani.

L’utopie napolitaine

Fort de son statut de super star, Cavani quitte la Campanie en véritable héros. 104 buts en 138 rencontres, meilleur buteur de Série A, idole du San Paolo, la venue « d’ El Matador » à Paris doit incontestablement permettre au club de la capitale de franchir un véritable cap. C’est en tout cas ce que prévoient un bon nombre d’observateurs, qu’ils soient italiens ou français, d’ailleurs. Et étrangement, la période de disette de l’uruguayen fait ressortir chez les plus nostaligiques un souvenir napolitain doré. Mais à y regarder de plus près, les performances d’Edi à Naples étaient elles si étincelantes ?

Matchs Minutes jouées Tirs tentés Buts Ratio tirs/buts
2010/2011 35 2904 125 26 0,20
2011/2012 43 3588 144 28 0,19
2012/2013 41 3445 186 36 0,19
NB : ces stats portent sur la totalité matches en championnat et en Coupe d’Europe, à l’exception de la saison 2010/2011 qui porte uniquement sur les chiffres en championnat.

Comme vous pouvez donc le voir, si le total de buts de Cavani à Naples est au premier abord plutôt très bon, le détail de ses stats est quant à lui un peu moins reluisant. Dans une équipe qui jouait le contre, où la possession de balle moyenne tournait autour de 52-53%, l’uruguayen profitait de très longs espaces dans le dos des défenses adverses. Le plus souvent grâce à des ballons longs ou des passes en profondeur, Cavani profitait de sa qualité d’appel et de son jeu sans ballon pour faire la différence le plus vite et le plus haut possible. En plus de cela, et comme le soufflait mon ami Paul, fan du Napoli, l’équipe a très souvent joué pour lui et vers lui. Son statut de star aidant, son capital confiance était bien supérieur à celui qui est le sien à Paris et, de fait, son influence sur le terrain différait tout autant.

Résultat, un nombre conséquent d’occasions créées et de tirs tentés, mais au final, un fatale manque de réalisme devant le but. Son ratio tirs/buts était donc, déjà, très loin d’un attaquant de standing européen. Alors oui, cette fâcheuse tendance à vendanger ne l’aura pas empêché de hisser le Napoli derrière la Juve ni même de finir meilleur buteur italien. Elle ne l’aura pas empêché non plus de planter plus de 30 buts en championnats lors de ses trois saisons napolitaines. Mais, déjà, ces éléments nous permettent de nuancer un peu les paroles utopistes des « pro-Cavani » lorsque son passage en Italie est évoqué.

 

A Paris, un rôle bien différent à assumer…

En arrivant à Paris, le joueur a dû faire face à beaucoup, beaucoup de changements.

En dehors du terrain, d’abord, puisque Cavani est passé du statut d’idole à second, voire troisième couteau en terme de popularité, très loin derrière Ibrahimovic. Il en a certainement souffert, d’ailleurs. Puis sur le terrain, ensuite, intégrant une équipe au système de jeu bien différent, auquel il ne s’est apparemment pas réellement adapté. Placé à gauche du 4-3-3 si cher à Blanc, Cavani a atterri dans une équipe qui voulait le ballon, qui gardait le ballon, mais surtout qui savait jouer au ballon. Une schéma tactique qui ne faisait évidemment pas les affaires de Cavani, davantage sollicité dans les petits espaces. Qui dit petits espaces, nécessite une maîtrise tactique solide, ce qui n’a jamais été le point fort de Cavani. Son premier contrôle, à la réception du ballon, a toujours été délicat et se caractérise, aujourd’hui comme hier, par un fort déchet de gestes à l’apparence pourtant basique (contrôles, passes au sol…).

Du coup, sur la totalité de l’équipe, son déficit technique s’est toujours fait ressentir, et la construction des actions parisiennes s’en sont assez souvent retrouvées impactées dès lors que le ballon passait par Cavani. Puisque plus visible à Paris avec cette façon de jouer diamétralement opposée à celle du Napoli, cette carence réelle et cruelle s’est donc très probablement traduite par une perte de confiance continue au fil des rencontres, au fil des ratés. Et comme une série d’engrenages malheureux, la difficile série du numéro 9 parisien a commencé.

Et encore, si jouer au PSG ne fait qu’agrandir et rendre encore davantage criant le déficit de son bagage technique, il représente néanmoins une réelle chance pour l’attaquant uruguayen. Forcément, être entouré de joueurs d’un tel niveau aide à se retrouver dans de meilleures conditions, plus souvent. Ce qui, de fait, fait augmenter de façon arithmétique ses chances de scorer, malgré de nombreux loupés. C’est arithmétique. On y reviendra plus bas, mais pas évident que  l’uruguayen parvienne à planter autant de buts dans une équipe intrinsèquement plus faible.

 

Un jeu sans ballon très éprouvant

Pour autant, et puisque ce papier n’est pas là pour condamner ni même enterrer le joueur, il est bon de rappeler que le jeu sans ballon de Cavani est toujours aussi bon. En témoigne les différentes heat-map du joueur après chaque rencontre. Cavani est loin d’être le joueur qui ménage ses efforts, à errer sur un côté ou en pointe de l’attaque en se contentant d’attendre que le ballon arrive dans ses pieds.

Probablement pour compenser ce cruel manque de technique ballon au pied, Cavani court. Tout le temps. Ce qui fait de lui un attaquant qui ne se contente pas d’attaquer, mais qui défend aussi. Ses courses hargneuses après le ballon ou son pressing toujours sérieux sur les défenses ou les milieux adverses sont remarquables. Mais s’exercent au détriment de son véritable rôle, de ce qu’on attend en priorité d’un joueur comme lui : à savoir marquer des buts.

Cavani est très loin d’avoir les qualités purement footballistiques d’un top player. Ce qui, fatalement, a tendance à le faire perdre en lucidité et en clairvoyance une fois face au but. Touché physiquement par des efforts constants depuis le début du match, à proposer des appels intéressants mais pas toujours exploités au PSG, Cavani se fatigue, beaucoup. Sauf qu’une fois qu’un appel s’avère intéressant et que le ballon est envoyé dans sa direction, il pêche à la finition. Cette situation est arrivée un nombre incalculable de fois depuis qu’il porte le maillot parisien. Encore face à Metz, dimanche, mais surtout lors du match retour à Madrid, l’an passé en phase de poule. Ou face à Chelsea.

CS-AkGMWIAEMFfO

Crédits Community PSG

 

Des stats bien trop moyennes

De fait, ce sont les stats globales du joueur au PSG qui en ressortent touchées.

Matchs

Min. jouées tirs tentés Buts

Ratio tir/but

2013/2014

35 2985 114 20 0,17
2014/2015 43 3520 143 24 0,16
2015/2016 41 2947 101 21 0,20
2016/2017 1 90 6 0 0
NB : ces stats portent sur la totalité matches en championnat et en Coupe d’Europe.

Là encore, son total de buts est loin d’être médiocre à Paris. Mais il a un ratio tirs/buts encore plus bas que celui qui était le sien à Naples. A cause d’Ibra ? A cause de son positionnement à gauche ? Pas forcément. toutes les stats recoupées montrent que Cavani marquait autant, sinon plus, en présence d’Ibrahimovic. Sauf qu’au final, quand le ratio du suédois tournait autour de près d’un but par match dans la capitale, celui d’El Matador s’avère bien plus faible.

Cavani sera cette année attendu dans un tout autre registre que celui auquel il s’est habitué jusqu’à maintenant. Seuls les buts compteront, et il n’aura sans doute plus aucune excuse cette année pour justifier une pareille maladresse. Au PSG, et seul en pointe à présent, il va devoir inévitablement améliorer et même transformer son taux de tirs convertis s’il veut prétendre à un autre statut. Et, d’une pierre deux coups, aider son club à franchir un cap en Coupe d’Europe.

Emery a annoncé compter sur lui la saison prochaine, il l’a même confirmé en tant qu’attaquant principal à la pointe de l’attaque parisienne. Après sa partie médiocre, l’entraineur parisien tenu à dédramatiser la situation : « Si on se procure autant d’occasions à l’avenir, je ne suis pas inquiet pour Edinson ». Exactement comme Blanc l’avait fait en son temps. Mais tout ça reste assez problématique à l’aube d’une saison où, si le club parisien n’a jamais crié ses ambitions aussi fort, il ne peut en revanche pas se targuer d’avoir un top buteur à la pointe de son attaque.

Depuis 2013/2014, en Ligue 1, il n’a converti que 38% de ses grosses occasions, seul Braithwate fait pire (25%). Opta

 

Conclusion

Du coup, beaucoup de facteurs laissent aujourd’hui penser que Cavani, seul, ne suffira pas pour viser encore plus haut. La façon de jouer du PSG, encore plus cette année, ne correspondra pas davantage au jeu de contres et d’espaces de Cavani. Et le joueur comme le club, semble – déjà – dans une impasse alors que la saison vient pourtant tout juste de débuter.

Mais rassurez-vous, cette saison encore, ses occasions se compteront par dizaines, ses ratés seront certainement aussi conséquents. Et malgré ça, Cavani marquera sa trentaine de buts en championnats. Mais tout ça pour quoi ? Pour quel rendu final ? Une fois de plus cette saison, et c’est bien facheux, ce seront bien les performances en Coupe d’Europe qui attribueront les notes finales. Si Cavani qualifie les siens, en ne plantant ne serait-ce qu’un but en match couperet de C1, il peut bien rater 10 fois avant, tout le monde en aura cure. Il suffira d’un but dans une rencontre à enjeux pour faire taire une bonne partie de ses détracteurs. Avec, en prime, un  jugement assurément différent en fonction de la physionomie, d’abord, mais surtout du résultat des matchs, ensuite. Et ce, peu importe s’il panique à chaque fois qu’il reçoit le ballon. Car dans le football plus que nulle part ailleurs, tout va très, très vite.

Tom MASSON

@MassonTom1

 

N’oubliez pas, vous pouvez chaque lundi me retrouver dans ma nouvelle rubrique L’important c’est les 3 points ! (disponible en cliquant sur le lien)

 

4 réflexions sur “Analyse : Cavani au PSG, c’est (presque) foutu

  1. javi dit :

    l analyse est fallacieuse
    tes chiffres sont exact , mais tu ne parles pas assez de sa faculté justement a se creer des occasions.
    et puis si tu compares autres attaquants , tu remarqueras que cavani reste dans le top 10 niveau efficacité.

  2. majestik49 dit :

    je comprend ton doute , vu l efficacité dernierement.
    mais déjà Cavani c est un joueur qui rentre parfaitement dans un collectif , dans une tactique globale d équipe , un finisseur / On a clairement que le systeme Ibra a fait défaut dans les grands matchs …. un joueur qui fait jouer son équipe a 10 qd on a pas la balle. Rien que pr cela , avoir un 1er attaquant faisant l effort de placement ou de pressing a la perte du ballon est un grand plus dans ces matchs couperets!

    de plus, la Cav se crée beaucoup plus d occasions que certains, et cela c est une qualité , pas un défaut .. Cavani a besoin surtout d etre en confiance, et de retrouver la sérénité (on le voit assez nerveux dernierement). Unai est parfait pour cela.

    en fait je ne comprends pas votre doute , suite au départ d’Ibra, qui n a pas aidé le club dans ces matchs importants. je rappellerais d ailleurs le grand match de cavani quand ibra fut expulsé contre chelsea. (rabiot et pastore aussi) .

    petite précision, sur sa 1ere année , il marque plus seul qu avec ibra/ bien faire attention dans les calculs , qd cavani marque alors qu ibra est deja sorti par exemple.
    on se souvient aussi de la fin de saison 2015 ou avait lavezzi et pastore , il a été tres efficace (dans un style de jeu plus direct , ce qu il va trouver cette saison)

    dernier point , l apport justement des autres offensifs . un pastore non blessé, qui va régaler en ballon , un lucas qui malgré tout est deja a 4 buts ttc, un hatem qui mettra ses 10 buts , et un Jésé dont tout le monde oublie presque qu il est là, et qui si on suit de tres pres le real , a montré de belles choses par rapport au temps joué. plutot efficace pr le coup ce jeune/

    le tout sous la houlette d un entraineur qui va façonner tous ces automatismes , et SURTOUT , a la différence de Blanc, qui COMMUNIQUE avec ses joueurs , pour les faire se sentir concerné.

    Le doute est permis , mais je vois plus d espoir qu autre chose , en attendant un mercato prochain (2017) plus intense peut etre.

  3. Kerel WAELES dit :

    !en regardant les stas de zlatan, le suédois tourne aussi autour es 0.20 au ratio…. Juste que Zlatan jouait dans l’axe. Ça aide. Cavani est souvent maladroit. Cette année il joue à son poste. Si il marque pas il va sauter et c’est tout. Mais ça fait un match et les gens lui tombent dessus…..

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