Il y avait les Classico haletants, stressant et incertains. Depuis hier soir, il va falloir penser à rajouter un nouveau qualificatif, ou en tout cas une nouvelle catégorie pour classer la leçon offerte par les Parisiens au Vélodrome (5-1). Parler d’historique ne serait pas forcément déplacé : le Paris-SG a égalé, hier, une performance qui remontait à 1978 ; tandis que, dans le même temps, Marseille subissait sa plus lourde déroute à domicile depuis… 1953. Elle fera date, c’est une évidence. Mais il est tellement plus lyrique de laisser l’histoire à ces rencontres suspendues au temps, à ces minutes qui défilent, à ces rebondissements incessants et à ces rivalités directes, que je ne le ferai pas. La conjecture sportive des deux équipes a simplement permis à l’une d’offrir une partition à l’autre, agrandissant un fossé déjà immense entre deux équipes qui, hier encore, ne pratiquait décidément pas le même sport.
Paris sur un nuage
Il faut dire que le chapitre de ce mois de février 2017 est sûrement un des plus beaux (sinon le plus beau) de l’épisode QSI à Paris. Du même niveau que le récital offert contre le Barça, entré depuis aux lettres d’or du panthéon du sport français, la prestation des parisiens hier soir est absolument époustouflante. D’un point de vue purement comptable, les parisiens ont réussi à coller 5 buts aux marseillais, et surtout, à garder un écart rattrapable avec Monaco dans ce mano à mano qui semble écrit dans la course au titre. Mais plus que le résultat, le contenu délivré par les Champions de France en titre a de quoi impressionner. Techniquement, d’abord, les parisiens ont été déconcertants de facilité, éclaboussant une rencontre de gestes de hautes volées, à l’image d’un Pastore retrouvé et auteur d’une prestation extrêmement aboutie. Tactiquement, ensuite, ils ont été impressionnants de maîtrise, exploitant à merveille le pressing étouffant et le repli défensif qui avait fait leur force face au Barça. A tel point qu’en dehors du but encaissé – et du poteau de Payet – ils n’ont jamais paru réellement en danger. Le travail d’Unai Emery, après avoir éclaboussé l’Europe, est à présent arrivé aux yeux de tout un championnat qui leur semblait déjà perdu, il y a de ça encore quelques semaines. La réponse aux sceptiques qui voyaient en la victoire face aux catalans rien de plus qu’une surprise a été cinglante. Et promet de beaux jours à une équipe enfin consciente de ses merveilleuses capacités.
Marseille déchante
Si les parisiens ont fêté le retour de leurs héros au Bourget une bonne partie de la nuit, on ne peut pas en dire autant de tout le monde. Les marseillais ont passé une sale nuit, et ont dû commencer la semaine avec une sacrée gueule de bois. Par manque de lucidité, ou simple refus d’admettre la vérité, il faut dire que la semaine passée ne les a sûrement pas aidés. Invectivés par une communication on ne peut plus déconnectée de la réalité, mais surtout catastrophique à ce niveau. Les supporters n’y sont pas pour grand-chose. Et ont même été les seuls à répondre présents, hier. Mais on ne peut pas en dire autant des joueurs, qui ont livré probablement une de leur pire sortie de la saison. Nonchalance, faiblesse abyssale tactique, repli défensif catastrophique, les marseillais n’ont jamais réussi à peser, ni même à exister, dans une rencontre où on les attendait pourtant à un niveau d’engagement et de motivation bien différent. Rien que dans le pressing, point que je trouve particulièrement révélateur pour analyser la performance d’une équipe, l’OM a été honteux. Si la claque fait mal, elle sera peut-être salvatrice, à condition de tirer les engagements qui doivent l’être. Non, malgré ce nom en trompe l’œil de « Marseille Champions Project », les olympiens sont très loin de retrouver la C1. Ils sont tout aussi loin de pouvoir rivaliser avec le trio de tête de notre championnat, et la partie d’hier, comme la double confrontation face à Monaco est une confirmation supplémentaire – s’il en fallait encore une – du chemin qu’il reste encore à parcourir pour Garcia et ses hommes. Espérons que les dirigeants y verront également plus clairs, dans leur communication déjà, histoire de ne pas vendre du fictif à des supporters fatigués par 6 années de galère, mais aussi dans leur recrutement. L’été sera déterminant dans la tournure à donner à ce projet. Car aujourd’hui, et à ce niveau, même la qualification pour l’Europa League parait compromise.
Toujours est-il que tout va très vite, encore plus dans le football. En 10 ans, les chemins des deux équipes se sont croisés, avant de se dissocier de plus belle. La patience, encore plus dans le football, est une vertu qu’il faut savoir apprivoiser. Et c’est pour ça – qu’une fois n’est pas coutume – j’aimerais finir par les mots justes, raisonnés et clairvoyant d’un Matuidi retrouvé : « On a démontré qu’on était supérieurs à cette équipe. Dans le jeu, on s’est mis en mode Ligue des champions et quand on est comme ça, on est difficile à jouer. Mais Marseille a un nouveau projet en construction et peut-être que dans l’avenir, ils vont se rapprocher de nous. Donc, on profite de l’instant« .
Tom MASSON
@MassonTom1