Un naufrage. Malgré une victoire brillante au match aller (4-0), le Paris Saint-Germain a explosé, hier, face au Barça et sort humilié d’une compétition qu’il n’est pas prêt de gagner. Apeurés, lâches, indignes, les parisiens ont réussi l’impensable performance d’encaisser 3 buts en 5 minutes et sont, ce matin, la risée de l’Europe.
Il est souvent délicat de mettre des mots sur l’indescriptible, encore davantage quand celui-ci paraissait impossible. Et pourtant, le temps s’est arrêté au Camp Nou. Le plus grand exploit de l’histoire du foot a eu lieu, dépourvu de toute forme rationnelle de réalisme. Jamais, aucune équipe n’était parvenue à se qualifier après s’être inclinée 4-0 à l’aller, alors que dire d’une équipe menée 5-3 sur l’ensemble des deux matchs à la 88ème minute… Et pourtant, le Barça l’a fait. Sans être transcendant, non, car en face, les parisiens ont été dramatiquement honteux.
Le PSG avait réalisé une performance hors du temps au match aller, une prestation immense, proche de la perfection absolue en terme de qualité de jeu, d’intensité, de réalisme et d’émotions. Ce match était devenu, incontestablement, un monument de l’histoire du foot français, une performance à écrire en lettres d’or au Panthéon du sport français. Mais hier, ils ont tout gâché. Rangez les livres, rangez les cassettes : les parisiens sont à présent la risée d’une Europe, qu’ils avaient pourtant pour ambition de conquérir, dès cette année.
Mais jamais, ô grand jamais, le PSG n’a été à la hauteur de l’évènement. Hagard et apeuré, la déroute aura été totale. Malgré l’écart de but, malgré la claque de l’aller, les parisiens sont rentrés craintifs dans un match où il aurait fallu faire tout l’inverse ! Les buts concédés (ou offerts) au début de chaque mi-temps en sont l’irréfutable preuve. Quel message envoyer, sinon « croyez-y les gars, on vous facilite la tâche ! » quand on bafouille tant à ce niveau, si vite, à ce point. Et dire que quand Cavani a marqué, tout le monde – moi le premier – voyait enfin le suspense s’envoler. Quelle naïveté. Le PSG a coulé en 7 minutes. 7 minutes. Aucun naufrage, pas même celui du Titanic, n’a eu lieu en si peu de temps. Le naufrage de ses ambitions.
Et qu’on soit clairs : ceux qui se cachent derrière l’arbitrage aujourd’hui sont des faibles, des mecs sans honneur. Le PSG a été médiocre, et j’ai beau chercher, aucun mot n’est assez fort pour désigner leur piteuse performance. Les 11 parisiens ont été indignes. La faute de « cadres » faibles mentalement, d’abord. Silva et Matuidi en tête, dès que le niveau monte, dès que la pression s’intensifie, ces mecs-là craquent. Hier, comme face à Manchester l’an dernier, comme face à Chelsea, et à ce même Barça avant. Ils ont été lâches, ont manqué à leur devoir, ni plus ni moins. Le cas Thiago Silva est symptomatique : faux et fragile capitaine, il a laissé son navire sombrer, une fois de plus.
Evoquer le bloc incroyablement bas du collectif parisien, leur attentisme et leur déchet n’est pas une explication, encore moins une excuse. C’est mentalement que toute une équipe a sombré, surtout. L’équipe a foiré sa préparation psychologique, son approche du match. Emery, comme Blanc et Ancelotti avant lui, a échoué à rassurer ses joueurs, à les mettre en confiance, bien qu’il soit un peu sévère de lui incomber l’intégralité de la reponsabilité. C’est en tout cas à ce niveau, bien avant de parler jeu, que le PSG est passé à côté. La partie était déjà perdue, avant même son coup d’envoi.
Le match en lui-même est encore davantage alarmant. Attendre 90 minutes derrière, complètement paniqués (la stat des 4 passes réussies lors des 10 dernières minutes est implacable), offrir 6 buts, à des catalans pourtant pas transcendants (et c’est crucial d’insister là-dessus) est écœurant, insupportable. Et même s’ils n’avaient pas encaissé le 6ème, quel message envoie-t-on à l’Europe, lorsqu’on se qualifie en perdant 5-1, en ne montrant rien d’autre que de la crainte et de la peur ?
Paris avait l’occasion de marquer l’histoire, Paris avait déjà les deux pieds en quarts, Paris tenait entre ses mains un des exploits les plus retentissants depuis 50 ans. Mais Paris a failli et c’est tout un projet qui est remis en cause. Il ne faut pas se leurrer, il faudra du temps pour se remettre d’un tel cataclysme. Beaucoup de joueurs quitteront le club cet été, Nasser aussi. Et dans un avenir beaucoup plus proche, je ne vois même pas comment les parisiens peuvent se relever et aller chercher le titre de champion de France.
Les supporters parisiens peuvent être sonnés, dépités, certes, mais il n’y a même pas de regret à avoir. Le PSG a livré une prestation abyssale et, une nouvelle fois encore, s’est retrouvé hagard devant l’immense écart qui le sépare des tops clubs européens. Le temps est – parait-il – le seul remède aux désillusions. Dans le cas des parisiens, ce n’est même pas certain qu’il soit, à lui-seul, suffisant.
Tom MASSON
@MassonTom1
Très bel article, superbement rédigé comme d’habitude.
Une honte française !