Analyse : Comment Génésio a pourri la saison de l’OL ?

Les lyonnais n’entendront probablement pas l’hymne frissonnant de la Ligue des Champions l’an prochain. Ou en tout cas pas dans son stade. Largué en championnat, bientôt éliminé en Europa League, l’OL vit une saison absolument révoltante. Et pourtant, Bruno Genesio, l’entraîneur rhodanien n’a jamais vu sa place remise en question.

Cet entraîneur est probablement un des pires choix de casting réalisé par Aulas ces dernières années. Ses deux échecs successifs en CFA auraient sûrement pu permettre d’éviter le pire. Mais les faits sont là. Et les raisons d’une si mauvaise saison, contrairement à ce que peut prétendre le principal intéressé, ne résident pas seulement dans le manque d’engagement et encore moins dans une insuffisance de motivation. Retour tactique et statistique sur une saison révoltante.

 

Contexte

Distancé de 14 points par le trio de tête, l’Olympique Lyonnais réalise de très loin l’une des pires saisons de ces dix dernières années en championnat. Ajouté à cela une élimination en Europa League plus que probable après sa minable performance à Amsterdam (1-4), et voilà des lyonnais qui ne retrouveront pas la Ligue des Champions la saison prochaine. Le plus inquiétant étant certainement les 13 défaites concédées, aussi bien face à des prétendants aux premières places que face à des équipes de bas de tableau.

XI OL vs Nantes

Contre Nantes, dimanche, rencontre qui me servira plus ou moins de fil conducteur pour cette analyse, Genesio avait une fois de plus choisi d’aligner un 4-2-3-1 avec deux milieux récupérateurs dans le rôle de pivot (!) et un numéro 10, qui en fait a joué 9 ou 9,5 pendant la quasi intégralité du match. La présence de Ghezzal, régulier dans sa médiocrité, a une nouvelle fois de quoi surprendre. Fékir, Depay et Lacazette, quant à eux, démarraient ensemble pour la première fois le nul à Bordeaux début mars…

 

Quel plan de jeu ? 

Premier exemple, contre Nantes. La première chose qui frappe face à un tel schéma tactique, est le déséquilibre complet et total du 11 lyonnais. Certains joueurs qui devraient être omniprésents et au coeur du jeu, comme Tousart et Gonalons font partie des joueurs ayant fait le moins de passes ! Et encore, le peu de passes effectuées (et réussies, la précision est importante) par ce duo sont destinées aux latéraux. A noter que le passing de Gonalons est aussi mauvais à chaque match. Lacazette, diminué par sa blessure, est étrangement seul, et a peiné à exister au coeur du jeu. Critique du système, critique des hommes.

Autre exemple, cette fois face à la Roma, avec une victoire on ne peut plus miraculeuse au bout. L’influence du duo Tousart-Gonalons frise à nouveau le néant, et témoigne également que le salut est venu, comme de trop nombreuses fois cette saison, d’exploits individuels. Mais nous y reviendrons.

 

Une défense beaucoup trop perméable 

OL, seulement 10ème défense de Ligue 1 !

Problème récurrent pour Lyon depuis quelques années, l’arrière-garde rhodanienne, orpheline d’un Umtiti devenu indispensable, réalise une saison abominable. 10ème défense de France, 44 buts encaissés, cette fébrilité défensive s’explique par plusieurs raisons. Le plus inquiétant résidant très probablement dans le faible nombre de clean-sheet réalisés cette saison ! Seulement 16 en 52 rencontres ! Et là encore, Genesio n’y est pas pour rien.

D’abord, Genesio peine à trouver une charnière pérenne. La preuve en est, il a utilisé pas moins de 6 combinaisons en défense centrale depuis le début de l’année 2017. Comment voulez-vous que votre charnière soit confiante si elle change un match sur l’autre. Les blessures n’expliquent pas tout. Pareil pour les changements de compos ! Les joueurs placés devant la défense ne sont jamais les mêmes, et le seul qui est constamment aligné, est Maxime Gonalons…

Des joueurs beaucoup trop attentifs

Le match face à Nantes est utile de nombreux enseignements. J’aurais également pu prendre le match à Amsterdam qui est un condensé d’erreurs individuelles. En tout cas, sur le premier but nantais, les lyonnais, attentistes, sont complètement dépassés dès le début de l’action amorcée sur le côté gauche. Aucun pressing, aucune intensité, et des joueurs rapidement désintéressés par ce qu’il se passe. Regardez Ghezzal avant le but de Rongier. Et que dire du milieu lyonnais. Que fais Gonalons ?

Deuxième faiblesse lyonnaise illustrée sur le second but nantais, les coups de pieds arrêtés. 1/3 des buts lyonnais sont encaissés sur des phases arrêtées ! Et Lopes reste sur 6 matchs en championnat en encaissant au moins un but sur ces phases de jeu. Incompréhensible.

Quel attentisme, quel immobilisme ! Gilet a tout le luxe de venir couper au premier poteau d’une tête plongeante…

A signaler tout de même que Lopes réalise une bonne saison, étant même nommé parmi les nommés au trophée UNFP du meilleur gardien. Combien de buts auraient pris les lyonnais sans lui ? L’infime espoir d’une qualification qui existe encore a été préservé par lui, et lui seul.

 

Un milieu inexistant 

Autre énorme point faible de cet OL, le milieu. On le sait, cela saute aux yeux depuis de longues semaines, le milieu lyonnais n’est clairement pas à la hauteur et son influence frôle le vide abyssal. On en parlait un peu plus haut, et les schémas tactiques des passing le montrent cruellement, l’équipe lyonnaise est beaucoup trop souvent coupée en deux. Aucune transition entre le bloc défensif et le bloc offensif n’est effectuée par le milieu de terrain. Du coup, les latéraux sont constamment sollicités, rendant le jeu lyonnais beaucoup trop lisible, et les déstabilisations trop peu nombreux, trop rares.

Le 4-2-3-1 en est incontestablement une des causes. Ni Gonalons, ni Tousart ne semblent avoir le jeu adapté à un tel système. Cela s’en ressent, et la méforme de Gonalons pénalise l’ensemble d’une équipe aujourd’hui incapable de prendre le jeu à son compte. Il manque assurément un milieu relayeur, ou en tout cas un milieu réellement apte à faire le liant entre les différents blocs quand Tolisso n’est pas là. Sa saison est gigantesque et son probable départ l’an prochain sera à combler. Pourquoi ne pas laisser la maitrise du milieu à Tousart, une des principales révélations de la saison ?

Autre critique du 4-2-3-1, Fekir ne joue pas 10, mais davantage 9,5, presque 9. Son positionnement sur le terrain en témoigne, ce qui isole encore davantage les deux milieux derrière lui.

Enfin, Genesio utilise Ferri comme une alternative au milieu, malgré des faiblesses considérables et met au placard Darder, un des seuls joueurs capables de construire et de garder le ballon dont il dispose. Quel est le projet ? Pourquoi insister avec ce système ? Avec ces joueurs ?

 

Des attaquants condamnés à l’exploit individuel

Quand on est incapables de créer du jeu, on est condamné à s’en remettre au talent individuel de ses joueurs. Face à Nantes hier, comme trop de fois cette saison (Rome, Angers, Besiktas…), la solution est venue d’un numéro en solitaire. Hier, c’est grâce à un rush de Fekir que Lyon a pu revenir au score sur penalty. 5 joueurs éliminés, mais aucune autre alternative ! Personne à ses côtés, personne en soutien, et un milieu, une nouvelle fois, aux abonnés absents.

Problème, quand vos meilleurs joueurs ont un jour sans, ou sont carrément absents, l’équipe plonge. Comme lors de cette déroute – à domicile – face à Lorient (1-4) il y a un mois.

Autre point rassurant (heureusement qu’il y en a quelques-uns), Lyon peut bénéficier de son réalisme sur coups de pieds arrêtés, réel point fort. Mais réelle dépendance aussi. 34% des buts lyonnais sont inscrits sur coups de pieds arrêtés, dont la moitié sur penalty. Encore 2 buts inscrits de la sorte hier ! Où serait Lyon sans sa capacité à scorer sur phases arrêtées ? Mais là encore, une dépendance inévitable face à l’absence systématique de jeu. L’un doit devenir une force de l’autre, jamais se substituer.

34% des buts de l’OL sont inscrits sur coups de pieds arrêtés

 

Une faiblesse tactique qui se traduit en chiffres 

Pire ratio des entraîneurs de l’OL au 21ème siècle (nombre de défaites en %)- source Infosport+

Genesio 36%
Fournier 29%
Le Guen 18%
Houiller 13%

 

Stats de l’OL cette saison :

25 victoires (50%)
5 nuls (10%)
20 défaites (40%)
105 buts marqués
68 buts encaissés

 

Alors évidemment, l’OL a encore une chance de rattraper le retard accumulé à Amsterdam et d’atteindre la finale d’Europa League, mais cela me semble très peu probable en l’état actuel des choses. Et même si qualification il devrait y avoir, tout ça n’effacera sans doute pas la saison réalisée par une équipe sans identité, sans plan de jeu, et dont l’écrasante majorité des supporters ne se rendent même plus au stade à cause d’un seul homme : Bruno Genesio.

Tom MASSON

@MassonTom1

 

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