Près de deux mois après vous avoir livré mon dernier papier – un temps particulièrement long, je tenais par-ailleurs à m’en excuser -, je fais aujourd’hui mon grand « retour », histoire de célébrer (déjà) un des plus grands artistes de notre sport, 10 ans jours pour jours après ses débuts.
Il y a une décennie, Lionel Messi faisait donc ses premiers pas sur un terrain de football, à 17 ans et 3 mois, en remplaçant Deco lors d’un match face à l’Espanyol . Si je n’étais malheureusement pas devant ma télé pour le voir de mes propres yeux, il (me) paraît néanmoins incontestable de qualifier l’entrée en jeu de ce gamin, alors floqué du numéro 30 dans le dos, comme un véritable évènement. Et puisque nos amis du Larousse et du Robert n’hésitent pas à qualifier un évènement de « marquant » ou « particulier » à différentes échelles, je n’hésiterai donc pas à parler d’évènement, lorsqu’il sera question de l’entrée en jeu de ce prodige, le 16 octobre 2004.
Si ma passion pour ce sport ne vient pas directement de la « Pulga », soyons franc, (on remerciera pour ça Zidane et sa bande pour ce qu’ils m’ont offert un mois durant, en 2006), il resterait juste de rendre à Messi ce qui appartient à Messi. Ma passion pour le foot s’est amplifiée parallèlement à la montée en puissance de Messi, dès la saison 2005/2006, celle-là même qui le rendra très vite indispensable au sein d’un collectif déjà rodé pour le faire briller. Une fois exploitée à l’excellence par les différents chefs d’orchestre aux commandes du Barca pendant 10 ans, cette relation quasi-fusionnelle entre génie individuel et performance collective atteindra dès lors des sommets. Des sommets, que dis-je, un paroxysme même. Lors de l’exercice 2008/2009, Le Barca, et Messi en tête, rafleront toutes les compétitions dans lesquels ils étaient engagés : une Ligue des champions, une Supercoupe d’Europe, le Mondial des clubs, une Liga, une coupe du Roi, une Supercoupe d’Europe, tandis que Messi décrochera le Ballon d’Or, son premier, 48 buts en 64 rencontres plus tard…
C’est probablement cette année-là que je suis définitivement tombé sous le charme de l’argentin. En 10 ans, Messi aura subjugué la plus grande majorité d’entre nous en transperçant des défenses aux abois et faisant trembler des filets de gardiens impuissants. Alors oui, Messi n’est probablement pas le joueur le plus « sexy » de la planète foot (il est même à des années lumières de Ronaldo à ce niveau-là), ni même le type d’attaquant le plus transparent face à ses émotions, mais bon sang, son sens du dribble et sa capacité à conserver le ballon près de lui, pour derrière, effectuer un changement de rythme de manière explosive et éliminer avec une facilité déconcertante l’adversaire (me) rendent ce joueur hors-norme, jusqu’à être considéré comme étant l’un des plus meilleurs de sa génération par certains, ou un des plus grands joueurs de tous les temps pour d’autres.
Les fans de Cristiano Ronaldo n’apprécieront sans doute pas ce papier. En allant un peu plus loin que cette rivalité complètement futile, est-il possible aujourd’hui de se revendiquer fan de foot et rester indifférent à un joueur pareil ?Schweinsteiger, alors tout jute auréolé du titre de champion du monde en juillet dernier, avait d’ailleurs déclaré une phrase pleine de sens, alors que l’argentin était alors le fruit de toutes les critiques, après avoir été sacré meilleur joueur du mondial. « Ce que peuvent dire les gens sur Messi n’a pas d’importance. Les gens qui aiment le football savent qu’il est, et sera toujours le meilleur ».
Loin de moi l’envie de ressortir les nombreuses statistiques de « Léo » qui peuvent paraître ici ou là depuis quelques semaines, mais comment passer à côté des 405 buts inscrit en 529 matches, de la petite dizaine de records personnels (record de 73 buts en une saison en tête) et surtout, de ses 4 Ballons d’Or, même si je reste le premier à ne donner aucune valeur à cette récompense. Je ne pense pas que le ton banal employé lors de l’évocation de ces chiffres soit liée au hasard. Messi, mais aussi Ronaldo, font partie de ces catégories de joueurs « robots », qui donnent une autre dimension à ce sport.
Si j’aurais pu venter ses qualités et « glorifier » Messi, même si l’envie ne me manque pas et que je pourrais débattre avec les plus motivés d’entre vous sur le sujet, je voulais surtout remercier ce joueur pour ce qu’il a fait depuis 10 ans et pour ce qu’il fera lors des 10 prochaines années encore. Le football est un art qui délivre ses plus belles facettes lorsque les meilleurs joueurs du monde savent le bonifier. Sans ce type d’artiste, le football serait bien, bien morose. Et à 27 ans, si les éternels débats autour de la symbolique qualification de meilleur de tous les temps sont encore bien anecdotiques à mes yeux, j’espère surtout que ce génie du ballon rond persistera à faire et défaire l’histoire en faisant ce qu’il fait de mieux : jouer au football.
Messi, merci pour ces 10 ans.
Tom Masson
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